Le temps
Vaste sujet subjectif. Comment le qualifier ?
Ami ? Ennemi ?
Long ? Court ?
Insaisissable.
Irratrapable.
Précieux.
Le temps est un outil pour les personnes malveillantes.
Elles vont l’utiliser et en user comme une arme.
Le faire traîner ou bien l’accélérer.
A leur guise.
Le temps augmente leur haine, les jours qui coulent leur apportent petit à petit les cartouches qu’elles garderont pour s’en servir au bon moment. Elles vont s’en servir selon ce qu’elles veulent obtenir.
Mais le plus souvent, c’est pour se venger.
Pour elles, rien ne vaut un procès long, impitoyable qui traine jusqu’à ce que l’adversaire capitule, usé, sans ressources, fatigué, à terre.
Ou bien exigeant des réponses immédiates, mettant tout en œuvre pour surprendre et vaincre l’adversaire s’il n’ a pas répondu dans les temps.
Que de courriers restés sans réponses, de mails ; j’ai usé mon énergie, je me suis épuisée, j’ai mis sept longues années pour me sortir d’un procès avec mon ex concernant le partage des biens.
Pourquoi tout ce temps, pourquoi tout a traîné ? Je n’ai jamais eu la réponse.
Il a toujours joué avec le temps.
Quand il était en retard, il m’appelait, en me disant de l’attendre encore et encore.
Si jamais je m’énervais et que je partais sans lui, je savais qu’il allait s’énerver et me crier dessus en rentrant.
Répétés sans arrêt, ces retards étaient insupportables.
Si, par exemple, je savais que quelqu’un de ma famille devait venir me voir à la maison et que nous étions en voiture, il prenait alors tout son temps, passant par des voies détournées.
Quand on partait en vacances, et que j’avais programmé un voyage en train, il arrivait systématiquement en retard. Je stressais. Lui, non.
Les rares fois où j’étais invitée à un apéritif de travail, il s’arrangeait toujours pour me donner un rendez-vous impératif à telle heure précise afin que je rentre tôt chez moi.
Il était toujours en retard pour venir manger.
Et moi qui l’attendait !
Toujours.
Car j’aimais bien manger avec lui, je l’aimais et j’aimais sa compagnie.
Il était systématiquement en retard, parfois il me téléphonait pour me dire qu’il arrivait, mais c’était en fait pour prolonger son retard.
Un jour, son frère Julien est passé à la maison, je lui ai naturellement proposé de rester manger avec nous.
On a attendu mon ex-mari un bon moment, puis on a commencé à manger sans lui.
Puis monsieur s’est pointé et voyant son frère, il a dit :
Ah ben ! si j’avais su que tu étais là, je me serais un peu plus pressé !
Quel méchant homme !
Je lui pardonnais car j’étais amoureuse.
Jusqu’à ce que je n’en puisse plus.
Tout ce temps perdu.
Que de moments gâchés!
Il ne s’excusait jamais de ses retards, il ne me disait jamais où il était.
Il contrôlait le temps, tout le temps et ainsi prenait le pouvoir.
Il avait étendu son pouvoir sur tout.
Je me sentais de plus en plus mal, engluée dans ses fils d’araignée, plus j’essayais de me débattre et plus j’étouffais.
Jusqu’à ce que je sente que je n’avais plus d’air.
Le temps des belles années est gâché à jamais, il ne reviendra plus.
J’ai trop attendu.
Je me suis laissée voler une partie de ma vie.
A un moment, on sait que c’est le moment.
Il faut partir, c’est maintenant où jamais.
C’est ce jour-là, on le sait, on le sent.
Dans la vie, il faut apprendre à ressentir ce bon moment, il n’y en a qu’un, si on le loupe, on peut s’en vouloir toute notre vie.
C’est terrible mais la vie ne fait pas de cadeaux.
Pour pouvoir bien faire les choses correctement, il y a toujours un moment propice, quand vous le saisissez, tout coule comme par magie, vous savez exactement quelle est la meilleure chose à faire.
Il faut savoir ne pas se précipiter, ne pas forcer les choses, remettre à plus tard ce qui ne marche pas.
C’est pas bon, c’est raté.
Tant pis ! Ce n’était pas le bon moment.
Quand je suis partie, j’ai senti que c’était maintenant.
Plus tôt, ce n’était pas possible, mes enfants étaient trop jeunes, il les aurait abîmés, il se serait servi d’eux contre moi.
C’était à ce moment précis de ma vie ou jamais. Au moment où j’écris, si je n’étais pas partie, je serais morte que ce soit réel ou non.
Car même s’il ne m’avait pas tuée, je serais morte, accablée par cette non vie, par toutes ces méchancetés qu’il me disait tous les jours et rongée par les remords de ne pas avoir profité de ma maman qui est décédée récemment.
J’aurais eu une vieillesse atroce en restant avec cet homme.
Le temps est précieux, je profite chaque instant du bonheur de décider librement de ma vie.
Chérissez le temps car il file vite.
Soyez à l’écoute du moment propice.