La difficulté de raconter, de dire les choses, vient du fait que ce n’est pas seulement des actes.
En fait, il y avait très peu d’actes.
Ce sont surtout des paroles, des non-dits.
Des suggestions, des intonations, des comportements.
Toute une somme de tous ces petits faits insignifiants, intangibles, mais qui, mis bout à bout prennent une place importante dans la vie, régissent le quotidien.
Cela finit par tout gérer dans la vie.
Par manger la vie, par engloutir toute forme de vie.
Ce sont des bouffe – vie.
Elles te vident de ta substance, de ta moelle.
J’ai fait un cauchemar peu après ma séparation.
Nous étions quelques personnes dans une salle d’attente et nous attendions notre tour.
Je prenais le temps de regarder ces gens autour de moi.
Étaient-ils vivants ou morts ou entre les deux ? ; livides, ils ne bougeaient plus.
On les avait vidés de leur intérieur, de tout leur sang, de toute leur matière vitale et on les avait replacés à cet endroit.
Pour la prochaine fois?
Et moi, j’attendais mon tour.
Sagement.
Avec horreur.
Je ne songeais même pas à fuir.
C’était la fatalité.
Je devais y passer.
Impossible de bouger.
CE SERA BIENTÔT À MOI !